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le 1er janvier 2017

Brutalités policières :
la tentation de la matraque

L'express Dimanche 13 février 2005 - No. 15333


Cehl Meeah, Bernard Maigrot, Jean Nicolas St-Marie, Marcellin Azie se sont tous plaints
d’avoir été maltraités par la police. Il semblerait que de plus en plus, les enquêteurs infligent des sévices physiques.
Ils m’ont déshabillé, ils m’ont attaché le sexe avec une corde en nylon avant de tirer dessus.
ls m’ont mis un engin vibratoire dans l’anus et m’ont blessé en me tapant à coups de pieds à cet endroit… »

Ce n’est pas la description d’un règlement de comptes entre mafieux dans un polar,
mais le récit que fait Cehl Meeah quand il évoque son interrogatoire par la police
Le récit de Cehl Meeah a un air de déjà vu. Bernard Maigrot, principal suspect dans le meurtre de la styliste
Vanessa Lagesse, réclame Rs 150 millions de dommages à la police pour « brutalité et tortures » sur sa personne.

Le cas le plus célèbre reste cependant celui de Réginald Topize, dit Kaya,
retrouvé mort avec plus d’une trentaine de blessures sur tout le corps dans sa cellule à Alcatraz en février 1999.
Quatre ans après, son épouse se bat toujours pour que la lumière soit faite sur le décès du seggaeman,
et pour retrouver les responsables.


Une arrestation musclée ?
Non. Il s’agit de policiers à l’entraînement.

Une pratique courante

Pas plus tard que lundi dernier, dans une lettre à la National Human Rights Commission (NHRC),
Me Rama Valayden, allègue qu’un de ses clients, Jean Nicolas St-Marie, suspect dans le viol
d’une diplomate française à Pereybère, a subi des brutalités policières.
De même, Marcelin Azie, accusé provisoirement du viol et du meurtre de Nadine Dantier,
affirme que ses aveux ont été arrachés sous la contrainte.

Les statistiques officielles sur les plaintes contre la police ne sont disponibles qu’à partir de 2001,
avec la création de la NHRC. Selon le dernier rapport annuel de la Commission, publié en mars dernier,
84 plaintes ont été portées contre la police en 2002, dont 31 pour brutalités.
Sur ce nombre, combien de plaintes sont justifiées ? À quel point est-ce vrai ?

Notre enquête révèle toutefois que ces chiffres ne reflètent pas la réalité.
Car dans la vie de tous les jours, la violence policière est une pratique courante.

Elle peut prendre les formes les plus inattendues : de l’agression verbale aux tortures physiques,
en passant par le chantage émotionnel, l’humiliation en public ou encore l’abus d’autorité.

À cet égard, on raconte volontiers, dans certains milieux, l’histoire de ces ripoux qui s’improvisent
debt-collector pour le compte de certains magasins et qui vont saisir illégalement des articles non
payés chez des particuliers terrorisés.

On n’ose pas porter plainte, par ignorance de ses droits, par peur de représailles
ou de perdre du temps, car l’issue reste toujours aléatoire. « Bien que je connaisse mes droits,
j’ai été molesté chez moi par la police. Que se passe-t-il dans pour ces petites gens
qui ignorent tout de leurs droits ? », s’interroge l’ancien syndicaliste Narain Jassodanand
qui a porté plainte au Complaints Investigation Bureau (CIB).

Lors de notre enquête, de nombreux policiers concèdent qu’ils font usage de la « force »
dans l’exercice de leurs fonctions. « Pou gagne confession en bandit notoire li pas facile.
Nu pas kapav passe di miel, bizin sacouille so branche », admet un enquêteur
sous le couvert de l’anonymat.

Enquêtes en péril

Ainsi, dans certains services de police, la maltraitance est érigée en méthode de travail.
« Le système a été si bien assimilé que de nombreux Mauriciens trouvent normal
qu’un policier gifle un prévenu, par exemple », avance Dick Ng Sui Wa, avocat.

« Le comble, c’est que certains policiers, en usant de la force, s
ont convaincus d’être investis de la mission quasi divine de protéger la société »,
explique pour sa part Me Rama Valayden.

Toutefois, tous les policiers n’approuvent pas ces méthodes de choc
et pensent au contraire qu’elles mettent les enquêtes en péril.
« On a recours à la violence quand on est à court d’arguments », explique un ancien limier,
aujourd’hui à la retraite. Il estime que si une enquête a été menée selon les règles,
les preuves accumulées suffisent pour confondre un suspect.
« En revanche, si la partie adverse arrive à prouver en cour que l’aveu n’a pas été obtenu librement
et volontairement, c’est tout le travail d’une équipe qui tombe à l’eau. »

Alors que certains enquêteurs pensent que l’usage de méthodes musclées peut faire vraiment avancer
les choses, surtout si la police se trouve sous la pression des autorités
ou de celle de l’opinion publique, d’autres les désapprouvent. « Mais une enquête,
c’est une accumulation de preuves qui se construit patiemment », ajoute notre fin limier.

Me Jean-Claude Bibi estime pour sa part que l’usage de la violence dans la police va s’institutionnaliser
aussi longtemps que les auteurs ne seront pas punis. « Cela va continuer jusqu’à ce que les politiciens
envoient un signal fort et fassent comprendre aux brutes qu’elles ne s’en tireront pas. »

À cet égard, Me Dick Ng Sui Wa estime qu’il incombera à la NHRC de protéger les citoyens contre
les abus et au Directeur des poursuites publiques de porter les cas de violence policière en cour.
« La crédibilité de la NHRC va se jouer sur sa capacité à changer quelque chose au calvaire des victimes
innocentes de la brutalité d’où qu’elle vienne. »

(par Patrick YVON)

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mis en ligne le 21 février 2005