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le 1er janvier 2017

Emmanuel Richon
revient sur le crâne de Ratsitatane

mis en ligne le 1er septembre 2007

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De septembre 1997 à septembre 2000,
il était au Mauritius Institute en tant que coopérant français
en muséologie en mission officielle.
Il a des informations concernant la supposée “tête de Maori”
qu’on veut restituer à la Nouvelle-Zélande.

Journal L'Express Lundi 27 septembre 2004

- "Emmanuel Richon, dites-nous dans quelles circonstances vous aviez appris l’existence de cette tête embaumée" ?
- Durant la première moitié de l’année 2000, M.E. Atchia, Museum Technician,
m’avait appris l’existence de cette tête au sein d’une des "réserves" du musée.
La version selon laquelle il pouvait s’agir de la tête de Ratsitatanina m’avait été immédiatement donnée.
J’avais demandé aussitôt à voir cette dépouille.
On m’amena dans ce qu’il est convenu d’appeler au Mauritius Institute,
"la réserve d’en bas", qui n’avait rien d’une réserve
(j’ai fréquenté suffisamment de musées dans ma carrière pour pouvoir affirmer ce que je dis)
et s’avérait un capharnaüm sans nom et sans forme, recelant pourtant des richesses patrimoniales inestimables,
toutes dans un désordre indescriptible, stockées, entassées en vrac sur des étagères.
La situation est pire aujourd’hui.

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Musée de Port Louis - Ile Maurice

- "En quoi cette dépouille vous avait-elle marqué ?"
- Lorsque Norbert Benoît déclare avoir été choqué qu’on lui apporte ladite tête dans une boîte de carton blanc,
qu’il mesure mon horreur d’alors lorsqu’on me présenta sur une table,
un sac poubelle de couleur bleue,
contenant la tête embaumée.

En la circonstance, étant donné l’état avancé de dégradation de cette dépouille humaine
et le peu de considération apportée à ce vestige que j’estime quasiment contemporain,
je fus offusqué et attristé.

- "Aviez-vous décidé alors d’agir ?
- Immédiatement, je conseillai au directeur de l’époque, S. Abdoolrahaman de faire fabriquer par le relieur de l’époque,
une boîte, propre et solide, que je concevais au moins comme une sorte de conservation minimale et temporaire,
à défaut d’autre chose et en attendant mieux, simplement par ce qu’il était pour moi hors de question
de remettre cette tête dans un sac en plastique...

J’avais aussitôt écrit au ministre de l’époque.
Je dois dire que celui-ci ne tarda pas à réunir un comité restreint.
Nous étions en juillet 2000.
Nous nous étions réunis, Claude Michel, S. Abdoolrahaman et moi-même,
dans le bureau du Ministre et en sa présence.
A cette époque, cette version d’une tête maorie fut déjà énoncée par le directeur Abdoolrahaman,
sans qu’il ait même été question d’une Susan Forbes.

- "Et la question de tatouages ?"
- Je me rappelle avoir eu des doutes. J’avais téléphoné à l’ambassadeur de Madagascar
pour l’interroger sur cette question. Il m’avait répondu que Madagascar ne possédait nullement cette tradition.
Je constate aujourd’hui qu’une vision historique diachronique permet à S. Appasamy et N. Benoît d’affirmer l’inverse.
Ce que je ne m’explique nullement, c’est pour quelle raison, M. Abdoolrahaman a mis quatre années
à diligenter un tel dossier. Aujourd’hui, l’affaire a été relancée.
Gageons que si des chercheurs comme Benoît et Appasamy n’avaient pas entrepris d’effectuer cette visite,
la tête en question serait toujours "dans un coin" du musée, sans aucune prise en compte!
Aujourd’hui, je ne m’explique pas plus les raisons qui ont poussé le National Museum’s Council,
en révélant au journal Week-End en date du 12 septembre 2004 cette possession d’une tête,
à publier sciemment une photo vieille de plus de trente ans, c’est-à-dire,
datant d’une époque où cette tête embaumée était encore quasiment intacte,
au lieu de publier celle du vestige existant aujourd’hui.

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Photo de la tête
embaumée années 70

- "Est-ce à seule fin de dissimuler l’état de délabrement avancé dans lequel se trouve maintenant la dépouille ?"
- Malheureusement, connaissant bien le Mauritius Institute pour y avoir travaillé durant trois ans,
j’ai ma conviction intime. Mais il n’y a pas que cette tête qui se trouve dans pareil état de décomposition,
le reste des collections est à l’avenant et du pareil au même !

- "Revenons à la tête humaine en question."
- Je crois sincèrement que N. Benoît a été victime de la publication de cette photo datant d’il y a plus de trente ans.
La tête actuelle est devenue tellement méconnaissable qu’elle a quasiment perdu tous ses cheveux
et que tout ce qui tient de l’organique (la peau notamment) dans l’embaumement qui la conservait intacte,
a hélas disparu au fil des ans – d’où l’impression de Norbert Benoît qui déclare que le crâne auquel il a accédé
en juin dernier ne correspondrait pas à "la tête de Maori" visible sur la photo du journal Week-End
en date du 12 septembre 2004.
Je pense pour ma part qu’il s’agit pourtant bel et bien de la même tête aux tatouages faciaux.

- "Pour autant, cela n’élimine nullement le problème de l’historien."
- Effectivement, comme le suggèrent N. Benoît et S. Appassamy, la tradition des tatouages a existé à Madagascar
et au Mozambique. Il est possible que Ratsitatanina ait été tatoué, bien qu’il paraisse étonnant que les témoignages
et les portraits écrits à l’époque n’aient pas mentionné cet état de fait.
Et par ailleurs, trois personnes furent décapitées le 15 avril 1822 à 15h à Champ de Lort,
non loin de l’actuelle Plaine verte.
Parmi les trois,
rien n’empêche de penser que Kotolovo ou Latulipe,
les deux autres suppliciés, auraient pu être tatoués.
L’un des deux aurait d’ailleurs très bien pu être d’origine maorie.

- "Vous avez dit avoir des informations nouvelles à révéler."
- Il y a un autre fait qui a été porté à ma connaissance et qui pourrait bien se révéler d’une grande importance :
j’affirme avoir entendu de la bouche même de l’ancien taxidermiste du musée, Museum Technician, Balah Soorannah,
qui a pris sa retraite récemment, qu’il existait autrefois, non pas "une", mais trois têtes embaumées
au musée de Port-Louis. Cela corrobore au nombre de décapités de 1822.
Selon le témoignage de nombreux historiens ces têtes furent déposées au musée,
qui n’était d’ailleurs pas encore l’Institut, celui-ci datant des années 1880.

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- "Où sont conservées les deux autres têtes embaumées ?"
-Lorsque B. Soorannah m’affirma en 2000 que deux autres têtes embaumées avaient existé au musée,
je lui demandais naturellement où pouvaient se trouver ces autres vestiges humains.
C’est alors que l’épouvante reprit et qu’il m’affirma avoir dû "désembaumer" au moins une des têtes,
à la demande d’un ancien conservateur du musée, à seule fin de pouvoir présenter un crâne d’Homo sapiens sapiens
dans les vitrines du museum ! Il me désigna alors la tête "désembaumée" comme étant le crâne figurant actuellement
dans les vitrines de droite en entrant dans le musée (ancienne entrée), vitrines soi-disant consacrées
à l’évolution humaine des origines à nos jours.

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Je réalise aujourd’hui que ce crâne exposé
pourrait être celui de Ratsitatane.

Ainsi,
ce n’est pas seulement Ratsitatane qui aurait subi un sort post-mortem à la hauteur de l’inhumanité de son martyr,
ce sont des centaines de milliers de visiteurs qui auraient pu, d’une certaine façon, être victimes à leur tour
d’un second crime et avoir été "dupées" ainsi, de leur histoire véritable.

Lorsque N. Benoît évoque Elie Wiesel et le fait bien connu que le bourreau tue toujours deux fois,
le destin post-mortem de la dépouille de Ratsitatanina est une illustration parfaite de cette réalité
hélas toujours actuelle et de la violence inimaginable qu’elle contient.

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- "Seriez-vous en faveur des tests d’ADN ?"
- La réflexion de S. Appasamy quant à l’éventualité d’effectuer des tests ADN me paraît plus que justifiée, nécessaire,
en tout cas préalable indispensable à toute décision et condition sine qua non de toute scientificité.
Car enfin, lorsque l’Institut de Maurice déclare "avoir la conviction" d’une origine maorie,
tout est dit car l’ensemble de la muséologie mauricienne publique tient dans cette courte phrase lapidaire
qui traduit l’état d’esprit dans lequel elle se trouve :
un musée digne de ce nom, ne saurait fonctionner selon de tels critères aléatoires
et avec un système aussi peu démocratique et fermé.

Refuser à un chercheur
le droit de pouvoir photographier sans flash un objet de collection est un crime supplémentaire.

- "Selon vous existerait-il des documents historiques qui pourraient appuyer vos dires ?"
- L’un des documents clef concernant cette tête humaine
est certainement l’article que Christian Mantaux, historien français,
consacra à Ratsitatanina et à son exécution de 1822.
Cet article, daté de 1970, fut publié en 1972
au sein du Bulletin de l’Académie malgache, T48/1-2.

Les détails historiques de l’ensemble de ce crime figurent là, narrés et expliqués dans le détail,
même si, nous le constatons aujourd’hui, beaucoup restait à découvrir.
L’ensemble des protagonistes
(Orieux, Hastie, Virieux, le Procureur Portalis, le Gouverneur Farquhar,
la trahison de Lahizafy, le rôle d’Adrien d’Epinay dans l’envoi de la milice...),

tout est là, en une sorte de passion revisitée (c’est un point de vue personnel).
En page 149, figure une photographie portant la mention :
« la soi-disant tête de Ratsitatanina ».
Il s’avère qu’en 1972,
Christian. G. Mantaux avait donc déjà demandé des explications aux responsables
quant à l’origine de cette tête et qu’une version identique lui avait déjà été formulée :
cette tête était bien celle d’un maori et, étant donné les tatouages faciaux,
ne pouvait s’avérer être celle de Ratsitatane.
Ce qui signifie qu’à coup sûr,
cette version de l’origine maorie de cette dépouille ne date pas d’hier.
D’après Ch. G. Mantaux, c’est le conservateur de l’époque qui lui aurait fourni cette même opinion ;
depuis, comme vous le constatez, les choses n’ont guère varié et la direction du Mauritius Institute
"cale" ses positions dans ces ornières sans en démordre.

Mentionnons également la version maorie de
Giblot Ducray, dans son ouvrage l’Ile Maurice, paru en 1965
où cette thèse existe déjà. Par contre, cet historien local évoque bien l’existence de
"deux têtes naturalisées" et note qu’une seule subsiste en l’état,
l’autre ayant été réduite à l’état de crâne pour les besoins du musée (sic).
Cela corrobore totalement la version que j’avais reçue directement de B. Soorannah et que j’ai évoquée plus haut.

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- "Concrètement, comment interprétez-vous la décision de restituer cette tête à la Nouvelle-Zélande ?"
- L’article du journal Week-End qui mentionne le retour prochain de la tête maorie au pays de ses origines,
la Nouvelle-Zélande, est intéressant à plus d’un titre car il paraît transmettre l’idée fondamentale
d’une muséologie moderne, différente du passé, où des conservateurs enfin dignes de ce nom
auraient quitté l’esprit colonial qui présida si longtemps aux destinées du Mauritius Institute.
La réalité est tout autre
et, notamment, le point de vue « humain »
prétendument adopté par la nouvelle équipe
est un camouflage pur et simple.
L’état de cette dépouille l’atteste, qui est une honte ;
le refus de laisser des historiens enquêter, un scandale sans nom ;
enfin, la décision de renvoyer la dépouille à son pays d’origine
sur des critères de "conviction personnelle",
d’un ridicule absolu.

Tout cela aurait de quoi faire sourire s’il ne s’agissait d’une personne ayant réellement existé,
notre contemporain qui plus est, dont nous ignorons tout, mais qui pourrait bien s’avérer, bien sûr au conditionnel,
l’un des plus grands combattants de la liberté.
De notre liberté à tous, symbole d’une résistance et à sa façon et malgré lui,
véritable incarnation de l’histoire du pays entier. Même si aucune preuve existe,
ni dans un sens ni dans un autre, pouvons nous prendre le risque de commettre un acte rédhibitoire ?
Propos d'Emmanuel Richon, recueillis par Vèle PUTCHAY

PS:Il est possible que Ratsitatanina ait été tatoué,
bien qu’il paraisse étonnant que les témoignages et les portraits écrits à l’époque
n’aient pas mentionné cet état de fait.

“Aux scientifiques et leurs complices surtout,
grands bourreaux qui reviennent sur les lieux du crime pour tuer une seconde fois.
Par oubli. Nous veillerons qu’il n’en soit pas ainsi !”

(ilemauricekaya / Elie Wiesel)

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Issa Asgarally
Thèse de doctorat 1980:
L'histoire du prince Malgache
Ratsitatane en 1822
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Ratsitatanina:
témoignages écrits,
de Sylvain Roux
de J. Hastie,
& de Radama 1er

année 1822
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Azize Asgarally:
Auteur de la pièce de théâtre
"RATSITATANE"
parution 1980
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Interview vidéo
Norbert Benoît nous parle
de Ratsitatane

vidéo du 18 juillet 2009
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http://ilemauricekaya.free.fr

le 1er janvier 2017