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Extraits de courriers ou de textes
produits par Radama 1er,
par Sylvain Roux,
par J. Hastie,
et par l'historien A. Pitot
l'Express de Madagascar le 23-05-2007
![]() Andrianampoinimerina 1745-1810 dit Nampoina, unificateur du royaume merina et de Madagascar, rois de Madagascar de 1787 à 1810, père de du futur rois Radama 1er |
![]() Radama 1er 1792- 1828 né prince Ilaidama désigné comme successeur légitime par son père en 1808 rois de Madagascar de 1810 à 1828 |
![]() Ranavalona 1er 1788-1861 plus connue sous le nom de Ramavo épouse du roi Radama 1er, puis reine de Madagascar de 1828 à 1861 |
"J’ai à vous remercier très amicalement
pour l’accueil grâcieux que vous avez bien voulu rendre à ma recommandation, …
… je vous approuve parfaitement dans le choix que vous avez fait des deux sujets que je vous ai envoyés pour l’Angleterre.
Ratefi, à tous égards, est plus propre à ce voyage que l’autre, il est aussi le Prince qui tient la première place dans mon royaume.
Je n’ai pu mieux choisir que lui, lui seul connaît mes vraies intentions, il est ainsi muni de mes pleins pouvoirs.
Tant qu’à Indrientsimesètre, je l’ai jugé trop jeune encore pour l’intéresser davantage dans nos affaires
quoique cependant il tient à la première maison de ma cour, il est aussi mon beau frère et mon bon ami".
( Radama à Farqhar )
La proclamation d’octobre 1820 n’a réglé les choses qu’en apparence,
en réalité la révolte gronde chez certains grands du royaume.
La malheureuse campagne du Menabe et ses milliers de morts n’a fait qu’accentuer les problèmes
et un homme va se dresser contre le Roi, il veut se débarrasser d’Hastie qu’il juge le mauvais génie de Radama,
les guerres interminables menées à l’instigation vraie ou fausse d’Hastie, la prohibition de l’esclavage,
la préférence du Roi pour son conseiller anglais au détriment des Malgaches de son entourage,
la tuerie à Ambohitrarahaba des femmes venues revendiquer, tout cela fait beaucoup trop aux yeux de certains.
L’homme qui va oser est Ratsitatanina,
un des fils de celui qui fait fonction de premier responsable en Imerina (premier ministre) Andriamambavola.
L’affaire
Ratsitatanina
;-) ADSL :-)
Ratsitatane
par Issa Asgarally
Cet évènement va avoir un grand retentissement hors de Madagascar,
avec les déformations ou exagérations que l’on connaît,
témoin cette lettre de Sylvain Roux au Gouverneur de Bourbon sur Ratsitatanina :
Port Louis,
île de Sainte Marie 12 avril 1822
( Courrier de Sylvain Roux )
"Un bâtiment anglais de Maurice mouillé en baie d’Antongil m’a fait parvenir une lettre de Monsieur Blevec
que je vous fais tenir par cette occasion, je l’ai reçue hier, onze courant, vous verrez que nous devons l’attendre sous peu.
L’évènement qu’il raconte du dénommé Ratsitata peut bien être vrai.
Cet homme est le propre neveu de Radama, il s’était promis au mois de décembre dernier de tuer Mr Hastey,
Commissaire anglais; ce dernier averti du dessein de cet homme, en fit part à Radama avec prière d’ordonner (?)
une grande réunion de son peuple à l’effet de reconnaître en définitive
si les avis qu’on lui avait donnés sur Ratsitata étaient fondés ou non.
L’assemblée réunie, Ratsitata y parut comme tout le monde, couvert de son simbou.
A un signal donné par Radama, tout le monde fut invité à se découvrir, Ratsitata fut le seul qui ne le voulut pas.
Radama le fit approcher de près et lui demanda pourquoi il n’obéissait pas à ses ordres :
il répondit en se dévêtant de son simbou :
"Vous me voyez, mon Roi, armé d’un fer de sagaie, non pour le tourner contre vous, mais contre cet Anglais,
qui ainsi que tous ceux de sa Nation, n’a cherché qu’à faire votre malheur et celui de votre peuple.
Je suis découvert, mais d’autres que moi réussiront à purger le pays de ces gens qui ne s’attachent qu’à en faire le malheur".
Radama, accompagné de Mr Hastey et de plusieurs autres Anglais, ordonna de faire arrêter Ratsitata,
et sans doute à la sollicitation du Commissaire anglais, l’envoya aux fers à Tamatave,
d’où il a été déporté à l’île Maurice.
Ratsitatanina avait une haine profonde pour les Anglais et il ne m’étonne pas que rendu à l’île de France,
il ait cherché à réunir près de lui quelques esclaves Hova pour les porter à se venger avec lui des Anglais en brûlant la ville.
" Depuis trois mois, il ne nous vient pas une nouvelle du pays de Radama, qu’elle ne le dise toujours assassiné.
Je ne crois ni ne puis croire ces nouvelles, mais il existe en effet chez ce Prince des ferments de discorde,
parmi même ses généraux et ses proches parents.
Le nommé Rateyte (Ratefi) qui arrive à Londres et qui est son beau frère,
n’avait été envoyé en Europe que par la crainte que Radama avait de lui, le nommé Rafarla Dentiana (Rafaralahy Andriantiana)
n’a aussi reçu dernièrement une mission pour l’île Maurice que parce que Radama se défie de son caractère
et de l’intérêt que lui porte tout le peuple et surtout les soldats (?).
Les Anglais à cet égard, offrent à Radama d’être ses geôliers et le Prince, très soupçonneux est charmé
de trouver cette occasion pour s’éloigner d’un péril qui le menace peut-être.
Si nous croyons les nouvelles du pays du nommé Ramitah (Ramitraho, Roi des Sakalava du Menabe),
chef aussi puissant dans le Sud et chez lequel Radama avait porté la guerre l’année dernière,
il doit faire une invasion chez Radama au printemps prochain (après les pluies ?).
Ce qui peut-être aussi accréditerait cette nouvelle, c’est que Radama, devenu le seul négociant privilégié
pour la vente des bœufs de son pays et qui avait à cet effet fait surveiller
toutes les routes qui menacent de la côte orientale chez les Sakalava,
vient d’être obligé en raison du besoin de poudres qu’il a, que lui portent assez volontiers les Arabes
de la côte occidentale (Majunga) de retirer ses agents et de laisser les chemins libres.
Enfin, nous verrons ce qu’il en arrivera…"
Sylvain Roux
Comme nous le voyons dans cette lettre,
en dehors de Ratsitatanina et de la tentative d’assassiner Hastie, c’est le problème d’approvisionnement en poudre
qui est le souci de Radama, il demande d’ailleurs comme nous l’avons vu, dans une lettre à Farqhar
que celui-ci veille à ce que personne d’autre que lui ne soit ravitaillé en poudre…
Cette lettre confirme que le traité de 1820 passe mal, et que le Roi se coupe de plus en plus de son monde…
Il vole trop haut, trop vite, les yeux vers le ciel, oubliant son devoir de Roi qui est de s’occuper du bien être de ce monde…
Nous sommes très mal renseignés sur les tenants et aboutissants de l’exil de Ratsitatanina à Maurice,
le journal d’Hastie de cette date étant en déficit, sans doute pièces du procès envoyées en Angleterre.
Le départ pour Maurice va regrouper :
Hastie, représentant de Farqhar,
Ratsitatanina, prisonnier politique vers l’ exil,
Rafaralahy Andriantiana (cadet chéri du rois) et sa suite , en délégation officielle sans but défini.
Peut-être remerciement d’Hastie pour le rôle joué par ce général pour que Radama accepte de nouveau un traité
qui interdit l’"exportation" d’esclaves, mais ne prescrit pas l’abolition de l’esclavage…
La Menace quitte Tamatave le 24 décembre, le débarquement à Port Louis aura lieu le 3 janvier au soir,
Hastie conduit directement Ratsitatanina au bagne, Gaïqui le commandant en chef étant absent,
c’est Baptiste son second, qui prend en charge le prisonnier.
On demande à Hastie ce que l’on doit en faire et sous quel chef d’inculpation il est au bagne,
la réponse d’Hastie est évasive : il va prendre les ordres du Gouverneur, en attendant on doit lui donner une chambre
et le laisser libre à l’intérieur du bagne.
Les jours passent sans changement, dans la nuit du dimanche,
le prisonnier quitte le bagne "par la porte" accompagné de Laizafy, esclave malgache au service du gouvernement.
Aussitôt connue son absence, on avertit Hastie puis le bureau du marronnage…
Pourquoi ? Il n’est pas un esclave !
D’ailleurs le bureau refuse d’enregistrer cette disparition, Ratsitatanina est un home libre…
Alors on avertit Margeot, officier de police qui enregistre la déclaration.
Nous sommes le 22 février 1822 au Réduit, résidence de campagne du Gouverneur de Maurice,
c’est la quiétude de la sieste, dans quelques instants, le baronnet Farqhar va être dérangé par un courrier à cheval.
L’île Maurice est en danger, l’île Maurice pendant quelques jours va avoir peur, une peur panique parce que latente…
C’est ce que redoute le plus Maurice, une révolte d’esclaves !
Il faut dire qu’il y a disproportion entre l’élément libre et l’élément asservi,
il y a 87.000 esclaves dont 16.000 Malgaches alors que l’élément civil blanc est d’à peu près 6000, soldats non inclus,
un contre douze, il y a de quoi paniquer…
Le courrier remet au secrétaire du Gouverneur un pli d’Hastie, l’agent anglais à Madagascar près de Radama,
il est adressé à Barry, le secrétaire particulier de Farqhar.
Port Louis, 12 février 1822
( Courrier de James Hastie )
" Monsieur , J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir informer Son Excellence le Gouverneur
Signalement :
que Ratsitatanina, le prisonnier d’Etat (?) envoyé ici par le Roi Radama dans des circonstances rapportées
dans mon journal du 9 octobre (non retrouvé) et au sujet duquel j’ai eu l’honneur de vous entretenir
le 14 courant du mois dernier, s’est enfui du bagne la nuit dernière.
En conséquence je vous prie de demander à Son Excellence de bien vouloir donner les ordres nécessaires
pour qu’on prenne des mesures en vue d’appréhender le fugitif et de lui trouver une autre (?) prison.
Je joins à ma lettre sa description
J’ai l’honneur d’être…
Hastie (officier britanique)
Ratsitatanina est de teint légèrement cuivré, sa taille d’environ 5’10’’ (1,77 m environ).
Il est d’une constitution athlétique, a une touffe de poils au menton,
a de longs cheveux noirs nattés à la mode des Ovah du pays duquel il provient, et ne parle que le malgache.
En quittant le bagne, il portait un simbou de coton à bords bleus".
;-) ADSL :-)
Ratsitatane
par Azize Asgarally
Le message d’Hastie n’a rien d’alarmant, mais la fuite d’un prisonnier d’Etat, malgache de surcroît…
Par voie de presse, le Gouverneur promet une forte récompense pour la capture des rebelles,
"Les têtes autour de l’habitat de Rafaralahy s’échauffent,
Le 15 avril 1822, au champ de Lart, Ratsitatanina est
décapité,
**Tsy maty manota (ref ilemauricekaya)**
;-) ADSL :-)
Vers 1910,
A port Louis, c’est l’affolement car Laizafy qui a suivi Ratsitatanina n’est en réalité qu’un provocateur
qui amplifie et dramatise la situation pour des raisons que l’on explique mal, sauf si l’on veut avoir un motif
de se débarrasser de Ratsitatanina définitivement et physiquement.
Laizafy a dénoncé Ratsitatanina à son chef Orieux commandant des chasseurs de marrons (esclaves en fuite).
Orieux cherche à joindre Virieux chef de la police, Virieux informe Darling chef militaire de la place de Port Louis.
Comme on le voit, un homme seul dans la montagne dans un pays inconnu dont il ne parle pas la langue,
est devenu par effet boule de neige un dangereux criminel…
Port Louis vit dans une peur aiguë et exige que des mesures soient prises.
Le 21, devant la situation de quasi panique, le Gouverneur rejoint Port Louis,
tous les postes militaires de toute l’île et surtout du littoral sont en alerte maximum,
tous les endroits où les "rebelles" pourraient trouver une embarcation comme Canonniers paint, Bavder-mils,
Poudre d’or, Flacq, Grande rivière Mahebourg, Jacoté, Black river, même Curepipe, ville de l’intérieur.
1000 piastres pour le chef, 250 pour le second chef, 60 piastres pour chaque autre insurgé.
Très vite la population ne pouvant s’en prendre à Ratsitatanina, tourne sa fureur contre Rafaralahy Andriantiana.
Des éléments excités tournent autour de son domicile…
Il semble bien que Rafaralahy soit mêlé à cette affaire, car on ne voit pas pourquoi un représentant de Radama
reçoit à plusieurs reprises Laizafy.
Les évènements
d’après l'historien Albert Pitot
augmenté par les chants" en langue étrangère "qui se font entendre et qui sortent de l’habitat.
Les esprits s’échauffent: Ratsitatanina ne serait qu’un homme de paille,
le chef de la conspiration ne serait que Rafaralahy, aidé par un Anglais qui, par ambition peut-être,
a trahi son pays en livrant la colonie pieds et poings liés à la menace d’un sauvage".
Le Gouverneur, pour assurer la protection de Rafaralahy Andriantiana et sa suite, les place au Réduit, dans sa résidence.
Il y a maintenant deux jours que Ratsitatanina est sur la montagne.
Une dizaine de Malgaches l’ont rejoint, il attend Laizafy pour chercher une embarcation pour fuir…
Vingt-quatre militaires montent à l’assaut de la montagne, tous se rendent sans résistance.
La colonie a eu très peur.
Un procès s’ouvre immédiatement : Ratsitatanina et Laizafy sont condamnés à mort par décapitation.
Laizafy est gracié par Farqhar ; la grâce pour Ratsitatanina est demandée à Londres mais, sans attendre de réponse,
le Gouverneur, pour raison d’Etat connue de lui seul et peut-être d’Hastie, exécute un homme venu à Maurice
on ne sait trop pour quelle raison.
lui le **Tsy maty manota**,
sa tête est exposée.
Ce fut un véritable déni de Justice que commirent ce jour là Farqhar et Hastie.
Ratsitatanina avait reçu à Madasgascar quelques années au par avant,
le titre (la haute distinction) de "tsy maty manota" pour services rendu au pays.
Cela veut dire en francais :
"quoique tu fasses, tu ne peux pas mourir facilement,
tu seras toujours vainqueur,
tu seras toujours gagnant"...
Ratsitatane
par Lucien Brey
l'historien Albert Pitot
a écrit "La tête de Ratsitatanina fut embaumée,
elle figure encore dans notre musée (à Port Louis, Île Maurice)."
Il ajoute même
que le bourreau s'en est prit à trois fois
avant de parvenir à trancher la tête du chef malgache.
Commentaires Ch. G. Mantaux, et H. Ratsimiebo
Rafaralahy Andriantiana (cadet chéri du rois), cet épisode terminé,
se fait portraiturer en tenue d’apparat classique de grand chef.
Celui qui exécute la peinture est Lemaire, un peintre célèbre de l’ époque, pour 100 piastres.
De ce tableau, il est fait cinq copies plus ou moins fidèles, une pour Radama, une pour l’intéressé, une pour Ellis
qui le mettra dans son Histoire de Madagascar, l’original demeurant à la Société royale de l’Ile Maurice.
En voyant ce portrait, le Roi Radama va demander qu’un peintre vienne faire le sien.
Il faudra attendre Coppalle et 1826 pour que ce vœu se réalise.
Rafaralahy rentre de Maurice, comblé de présents pour avoir aidé les Anglais.
A Madagascar, la vie continue, la logique de Farquhar est de faire grandir Radama pour que, de Roi des Hovas,
dénomination officielle employée pour les étrangers, il devienne Roi de Madagascar,
bien que beaucoup de territoires lui échappent encore.
Mais pour l’essentiel, il est le maître de Tamatave et des Betsimisaraka, Jean René s’étant rangé sous sa protection,
Majunga est sous les ordres de Ramanetaka.
Pour cette région, Hastie avait essayé de composer avec les différents chefs qui gouvernaient le Boina.
Peine perdue, à Ambondro, Hastie est reçu par l’Antalaotra Hussein entouré de 400 hommes dont un certain nombre de Mozambique
(africains) armés d’arcs et de flèches, croyant impressionner le résident anglais.
Il en sera ainsi dans tout le Boina, il faudra le coup de force du Commandant Nourse pour que Majunga
soit sous la dépendance de Radama.
Le Commodore Nourse présente à Andriantsolivola un drapeau, lui demandant de l’arborer sur le Rova.
Sans méfiance, ce dernier s’exécute et le Commodore de dire :
"C’est le drapeau de Radama, maintenant il règne ici aussi".
par Ch. G. Mantaux, et H. Ratsimiebo
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