Les troubles avaient éclaté quelques
heures après le décès du chanteur Kaya
en cellule policière à Roche-Bois.
Berger Agathe se trouvait parmi
la foule d’émeutiers. Pour ses deux frères,
la police aurait dû user d’autres moyens que faire feu pour disperser les émeutiers.
En cour, la police a affirmé avoir tiré après que toutes les tentatives de dissuasion se soient révélées vaines.
Plusieurs membres de la force, dont l’assistant commissaire (ACP) Jean Bruneau, ont raconté
ce sombre 22 février.
Les témoins des plaignants, parmi lesquels Mario Flore, en ont dressé un autre tableau.
Selon le récit de l’ACP,responsable alors de la Special Mobile Force (SMF),
la situation était intenable. La foule, ce lundi matin à Roche-Bois,
est surexcitée et violente. La veille au soir, le poste de police de la localité avait été incendié.
La SMF et la Special Supporting Unit (SSU), appelées en renfort dans la nuit, sont toujours sur les lieux.
A 8 heures environ, une foule de 500 personnes est réunie au rond-point de Roche-Bois.
A l’approche de la SMF, menée par l’ASP Joganah, la foule se disperse, tout en lançant des projectiles.
Plus tard, ce sont un millier d’émeutiers qui se regroupent de nouveau au rond-point du port, raconte l’ACP.
Ils se mettent à endommager les barrières et à lancer des pierres aux policiers.
Tous les efforts pour les disperser ayant échoué, du gaz lacrymogène est utilisé.
Mais en vain.
Ordre de tirer
Les émeutiers utilisent des mouchoirs trempés pour se protéger du gaz.
Des enfants et des femmes sont placés en première ligne alors que les hommes
continuent à lancer pierres et cocktails Molotov de l’arrière.
Se protègeant avec des feuilles de tôle, ils continuent à tenir tête aux forces de l’ordre.
Le constable Thérèse est blessé dans la mêlée.
C’estalors que l’ASP Joganah donne l’ordre de tirer,
mais sur l’asphalte, et non directement sur la foule,
affirme de dernier.
Si les manifestants se dispersent, la situation n’est pas pour autant sous contrôle.
Plusieurs véhicules de la police sont endommagés.
L’ASP Joganah raconte qu’à ce moment-là, il ne sait pas qu’une personne a été tuée.
Il n’a vu personne étendu sur l’asphalte.
Cette version n’est pas celle des plaignants.
Selon Jacquelin Collet, la foule présente à Roche-Bois
manifeste ce matin-là “dans le calme”
contre la mort de Kaya en cellule policière.
Mais d’après le témoin Mario Flore, toute la région est rentrée dans l’ordre.
Des gens attendent l’autobus pour se rendre au travail.
Sans crier gare, les membres de la SSU et de la SMF font alors usage
de gaz lacrymogène pour disperser ces gens.
Sous l’effet de ce gaz, les habitants sont contraints de quitter leur domicile, raconte-t-il.
Des coups de feu sont tirés et Berger Agathe tombe.
Le juge Paul Lam Shang Leen a estimé que les plaignants n’ont pu démontrer
qu’il n’y avait pas eu d’appel au calme de la part de la police avant qu’elle n’en vienne à tirer.
Le juge note également que Mario Flore a contredit la version de Jacquelin Collet.
Après une analyse des faits,
il a retenu la version donnée par l’ASP Joganah
et a rejeté celles des deux plaignants.