ilemauricekaya mars 2001

Retour presse...

ilemauricekaya le 12 juin 2019

;-) ADSL :-)

Radio Est Réunion
mars 1999

(merci Seggaeman 974R)

;-) ADSL :-) article de presse papier mars 1999

;-) ADSL :-) article de presse papier mars 1999

;-) ADSL :-) article de presse papier mars 1999

Joseph Réginald Topize , plus connu sous le nom de Kaya,
jeune Mauricien issu d'un milieu défavorisé du quartier de Roche-Bois,
n'échappe pas à l'appel du reggae.
Très jeune, il est obligé de vivre de petits boulots pour gagner sa vie.
A l'âge de l'adolescence, il apprend à jouer de la guitare avec les moyens du bord.
La musique devient pour lui un véritable échappatoire.
C'est dans la musique qu'il met ses émotions, ses peines ,ses joies... sa vie!

Doué, sans doute, mais travaillant son instrument avec détermination,
il s'imprègne donc très rapidement du reggae et du style Marley
et bâtit sa réputation grâce à ses interprétations particulièrement efficaces
des titres du grand Bob.
Mais le jeune artiste ne veut pas rester à l'ombre du chêne
et explore un style musical nouveau.
Vers 1986, Kaya forme son groupe « Racinetatane  » du nom d'un héro mauricien
symbole de la lutte des Noirs pour leur émancipation.
De cette époque naîtra ce que Kaya baptisera « le seggae ».
Le groupe joue dans son quartier et reste à l'écart des tendances musicales
du moment et du marché des hôtels. Toutefois le mouvement est en marche...

Découvert au festival de Château-Morange
Percy Yip Tong , un jeune homme appartenant à la bourgeoisie mauricienne
très sensible à la justice et à l'expression populaire, s'intéresse à Kaya.
Après l'avoir encouragé, il devient même son manager.
Habile et surtout fin diplomate, il comprend vite que l'avenir du groupe
passera obligatoirement par une reconnaissance extérieure.
Convaincu du potentiel très important de son leader,
à qui il voue une grande admiration, il se débrouille donc pour programmer
le groupe au festival de « Château-Morange », nous sommes en 1989.

A la Réunion, personne n'a encore entendu parler de cette nouvelle musique.
Notre île vibre à ce moment là au rythme de « Ousanousava »
qui cartonne avec sa première cassette. Ce spectacle de « Chateau-Morange »
a donc été la découverte d'une nouvelle musique qui séduit instantanément le public de la Réunion.
Dans les jours qui ont suivi ce concert, le groupe Racinetatane enregistrera sa première cassette
sur un huit pistes, en quelques nuits de travail, dans les studios de « Radio Korail ».
Quelques semaines plus tard « Sa mo la mizik seggae » devient un tube sur les radios locales.
Cette première cassette de Kaya sort dans le même temps à Maurice et devient,
là-bas aussi, rapidement un succès.
Dans la foulée, un autre groupe pointe sur les scènes de notre île « Ras Natty Baby et les Natty Rebels ».
Baby, est un rasta plus radical et sa première production est plus reggae que seggae .
Mais il adhère également au mouvement et suit le même chemin que Kaya.
Mieux, il s'installe dans notre île plusieurs mois, grâce au soutien de Catherine Behris, son manager,
et de Raymond Lamonge, pour implanter le son du seggae à la Réunion.

;-) ADSL :-) Kaya en concert Radio Est (Réunion)

;-) ADSL :-) Kaya en concert Radio Est (Réunion)

Le cyclone Seggae souffle sur La Réunion
Kaya , quant à lui, reviendra régulièrement à la Réunion, et connaitra toujours un vif succès.
Mais le chanteur est très mal perçu par les autorités mauriciennes et se trouve régulièrement
dans la ligne de mire des forces de police.
Il fait même quelques séjours en prison. Sans compter que chaque déplacement hors de son île
est marqué par des problèmes et tracasseries policières ou douanières.
Malgré tout le mouvement seggae affirme son identité et est repris par de nombreux artisites
des îles de l'océan indien.
A la réunion, au début des années 90, Philippe Lapotaire, alors CES musique,
lance Patrick Persée à la basse le malogae, « le cousin germain du seggae ».
Propulsé par Discorama dans le grand bain de la production musicale,
Na Essayer récolte les fruits du mouvement mauricien.

Les années qui suivent sont troubles, car la production locale est dopée
par ce style musical qui vient balayer les acquis et bouleverser les habitudes.
La musique est puissante et pénètre toutes les îles de la zone.
Malheureusement, l'opportunisme de certains a quelque peu dilué l'impact
et la philosophies des portes-paroles de cette musique,
pour devenir une sorte de « machine à sous ».
Le business l'emporte sur le message initial.
C'est une période difficile, même si elle
est opulente pour ce courant musical...
un vrai paradoxe.
La multiplication des groupes de seggae (ou malogae)
donne en effet une image négative et souvent contraire à son origine.
L'application du seggae à toutes les sauces, dans n'importe quelle condition,
avec des gens ne sachant pas chanter à contribue à détruire à petit feu
ce qui avait été bâti avec force et conviction par Kaya et Ras Natty Baby.

Kaya regarde l'évolution des choses avec philosophie et continue son parcours.
Il sort plusieurs albums, parfois avec des producteurs mauriciens,
parfois avec des producteurs réunionnais.
Malheureusement, Kaya n'est pas un homme d'affaires,
et se laisse souvent abuser, par des gens peu scrupuleux.
De plus son entourage le conseille mal sur les orientations à prendre.
Sa carrière est mal gérée et l'alcool et la drogue ne font que rajouter au malaise.
Percy Yip Tong , son manager, part alors en Allemagne, et Kaya se retrouve seul.
Avec quelques-uns de ses musiciens, et avec son frère Reynald
il ne baisse pas les bras pour autant et forme son nouveau groupe, « Racine Seggae »
;-) ADSL :-)

Reynald Collet et Racine Seggae
septembre 1991

Quelque temps plus tard on retrouve Kaya au festival Africolor
ou il enflamme le public du théâtre de St Gilles.
Son manager de l'époque Guetan Valentin, un ancien chanteur de séga à Maurice,
a pour atout sa facilité à nouer les contacts et son culot.
Racinetatane se retrouve donc sur la compilation Africolor éditée par Philippe Conrath,
participe à la tournée Africolor, et surtout signe un contrat d'édition avec AB Production
qui lui réalise un clip de qualité sur la chanson « semin la Limier ».
L'album « Seggae Man » sort avec une distribution BMG
et une coédition Guetan Valentin et AB Disques.
La situation de Kaya semble alors enviable...
mais se n'est qu'apparent, car la réalité est moins évidente.
De galère en galère, il accepte mal les conditions de vie en métropole,
les relations sont de plus en plus tendues avec son manager
et le groupe fini par revenir à la case départ... à Roche-Bois.

RETOUR A LA CASE DEPART
Entre temps, le mouvement seggae s'essouffle, et la multitude de groupes « speudo » seggae
disparaissent les uns après les autres.
Les producteurs ayant cassé leur « machine à sous » réorientent leurs budgets.
Nous sommes en 1996 et l'heure est au renouveau du séga défendu bec et ongles
par des personnes attachées aux traditions musicales.
Des gens qui n'ont eu de cesse de critiquer le mouvement seggae.
Kaya continue pourtant de produire des disques comme par exemple « Kaya chante Marley »
et plus tard avec Discorama « Zistoir Révoltan ».
Marino est le nouveau manager de Kaya et les programmes au festival Kabar Réunion
ou les organisateurs placent le groupe en tout debut de soirée vers 18h30
pour un kabar en plein air à Saint Pierre, ne lui laisse aucune chance de toucher un large public.
L'artiste connaitra une période de stabilité après « Zistoir Révoltan » , mais de courte durée
car bien vite la tentation de dilapider ses revenus dans des substances illégales prend le dessus.
Clément Duret
propose à Kaya de travailler sur trois titres remixés de son répertoire.
Le chanteur de Roche-bois accepte. Ce sera le dernier enregistrement de Kaya qui s'est éteint
sans jamais avoir pleinement profité de son potentiel exceptionnel... Dommage.

ZISTOIR REVOLTAN
Incarcéré suite à la manifestation en faveur de la dépénalisation du « zamal »
organisée le 18 février à Maurice par le jeune parti politique « le Mouvement Républicain »,
Joseph Réginald Topize , agé de 39 ans et plus connu sous le nom de « Kaya »,
a été retrouvé mort le 21 février 1999 dans sa cellule de la prison de Port-Louis.
Une maison d'arrêt baptisée « Alcatraz » par les Mauriciens...
Alcatraz, on croit rêver.
Pourtant, c'est la triste réalité, une réalité qui nous éclate au visage,
avec ses conditions de détention qu'on imagine redoutables et la mort,
dans des circonstances qui restent encore très opaques,
du chanteur Kaya qui avait créé le mouvement seggae.
Il devait être libéré le lundi 22 février, et reprendre son combat musical,
mais le destin en a décidé autrement.
A l'annonce de sa mort l'émotion fut grande dans Port-Louis,
et les échauffourées se sont rapidement transformées en émeutes durant lesquelles,
la police n'a pas hésité à charger sur les manifestants.
Un autre artiste, Berger Agathe perdra la vie lors de ces affrontements
et le chanteur de Cassiya Désiré François, ainsi que le batteur du groupe
Bruno François, seront eux sérieusement blessés.
Le calme est aujourd'hui revenu, mais personne n'oubliera cette semaine de février où
comme un seul homme le peuple créole a dit avec rage, non à la répression, non au mensonge,
au rythme du seggae.
La carte postale mauricienne et son miracle économique ont volé en éclats en quelques jours,
car personne n'aurait imaginé qu'un chanteur hirsute et sans instruction
puisse susciter un tel émoi dans la population.

...COULISSES... BRUITS... INDISCRETIONS... COULISSES...BRUITS... COULISSES...

Kaya et Tuff Gong Studio
Les studios « Tuff Gong » étaient présents au Midem
et ont rencontré les responsables de « Discorama ».
La représentante pour l'Europe de ce labal mythique souhaitait réaliser
une compilation reggae des îles (Caraîbes, océan Indien.. ect.)
Après écoute d'un certain nombre d'albums,
elle a été très intéressée par les CD de Kaya
et en particulier « Kaya chante Marley »...

Cassiya en Afrique du Sud
Cassiya a dû prendre l'avion en pleine période trouble à Maurice,
pour se rendre en Afrique du Sud.
Effectivement, le groupe a été récompensé du pris de la MASA
(équivalent de la SACEM en France).
Une récompense très convoitée à Maurice.

...REACTIONS...

- Nitish (chanteur du groupe Latanier à Maurice)
La mort de Kaya dépasse largement le cadre de la manifestation liée
à la dépénalisation du « gandia ».
Il a suscité un mouvement de colère qui couvait depuis longtemps
dans les quartiers populaires de Maurice.
Il restera une figure emblématique de la lutte pour la justice sociale.

- Gérard Louis (guitariste et leader de Cassiya)
Kaya était mon idole sur le plan musical et j'ai toujours aimé ce qu'il a fait.
En ce qui concerne les émeutes nous avons eu très peur avec Désiré François
et Bruno François qui ont été blessé.
Les gens en ont assez de ce qui se passe dans les prisons mauriciennes et veulent la vérité...

- Patrick Persée
Moi, Kaya était plus qu'un ami, c'était un frère, on a eu un peu le même parcours.
Quant il venait à la Réunion, il venait chez moi, et quand j'allais à maurice, j'allais chez lui.
On a même joué un peu ensemble. Ce qui s'est passé à Maurice me fait peur,
maintenant c'est à nous de continuer le combat pour dénoncer les injustices.

- Ras Natty Baby
Avec Kaya , on a commencé la musique en même temps.
Nous étions deux porte-parole du mouvement seggae
et du combat que l'on menait pour le petit peuple, laissé pour compte à Maurice.
Moi aussi, j'ai fait de la prison, ils ont même chercher à me couper les cheveux,
mais je suis trop récalcitrant pour me laisser faire.
Je préfère aujourd'hui vivre loin de mon île, car cela devenait difficile pour les artistes engagés.
Les émeutes qui se sont déroulées à Maurice sont le résultat d'une politique axée sur l'exclusion.

http://ilemauricekaya.free.fr
mis en ligne le 12 juin 2019