RACINETATANE À ROCHE BOIS
La dernière marche
Scope Magazine le 10 aout 2012
Le 5 août, un hommage particulier sera rendu à Kaya
au stade Joseph Réginald Topize à
Roche Bois.
Les musiciens qui l’ont accompagné à différents moments de
son parcours seront sur scène pour reprendre ses titres.
Était-ce vraiment l’épilogue d’un chapitre de notre histoire ? Dimanche soir à
Roche Bois,
quand le joyeux brouhaha venant de la scène s’est finalement tu, Racinetatane
avait bouclé la boucle.
Réunis sur la même estrade après plusieurs années, les anciens compagnons de
Kaya ont choisi la Cité Seggae
pour écrire la conclusion de leur conte musical. Ensuite, avait prévenu le percussionniste Berty Fok,
chacun reprendra sa route, la vie suivra son cours et Racinetatane
aura terminé sa mission.
Pour les pionniers du seggae
, il était important de saluer une dernière fois le public, pour ne plus rester figés
dans le temps après que leur histoire eut été brutalement interrompue un matin dans la cellule no 6 d’Alcatraz.
Racinetatane
le 05 aout 2012
Elle a pris fière allure, la toute dernière marche des anciens compagnons de Kaya.
Une dernière sortie qu’ils se devaient de faire pour un ultime salut, peu importe si
jamais hommage ne leur avait été rendu alors qu’ils ont gravé d’une marque indélébile
l’histoire, la musique et la culture de Maurice.
Beaucoup de sincérité pour cette dernière fois, jouée dans une émotion réelle
en hommage à l’ami qui aurait bientôt fêté ses 52 ans. Les années ont passé, mais le skang inimitable de Racinetatane
a retrouvé sa puissance et son battement a rejoint celui de l’âme d’un pays rendu orphelin par la bêtise institutionnalisée.
Mais pour le groupe, le temps des revendications est passé. La réunion sur scène a gardé le ton et l’ambiance de l’hommage,
alors que, sur le mur d’à-côté, la fresque du grand sourire de Kaya
rappelait la joie qui animait le King de Camp Zoulou
lorsque s’élevait sa musique.
Les cheveux et les barbes sont gris, mais la fougue roots n’en demeure pas moins sincère.
Et l’impression de sagesse dégagée n’est pas usurpée. Sans qu’il n’y ait eu besoin d’une grande organisation,
d’un gros matériel, de bouncers, de contrôle serré à la porte, etc., tout s’est déroulé dans l’ordre,
dans le respect du programme et du public.
Dimanche, dans la poussière de la pelouse abîmée, la positive vibration a pris par les tripes le public.
Exactement comme Kaya ek
Racinetatane
parvenaient à le faire devant les municipalités, le stade de Rose-Hill
ou de Ste-Croix en ces temps où ils faisaient reprendre en chœur
Morisien, to rasinn pe brile.
Presque tout le répertoire de Kaya
a été passé en revue, après que des fleurs eurent été déposées sur la tombe du chanteur.
C’est son fils Azaria
qui a donné le ton du concert avant que Sergio Marchand, Charles Quirin,
Ram Joganah
et d’autres anciens compagnons ne prennent le micro à tour de rôle.
James Dean, Damien Elisa, Momo Manancourt, Berty Fok
, ainsi que les musiciens des différentes phases du groupe
ont finalement accordé leurs violons pour cette ultime sortie.
De 16h à 19h, dans une puissance musicale jamais égalée, guitares, claviers et percussions de Racinetatane
ont fait revivre la mémoire d’une musique qui n’a jamais vieilli, d’une voix qui, pour la rédemption, chantait
des Songs of Freeman.
http://ilemauricekaya.free.fr
mis en ligne le 1er fév 2013