Le 21 février dernier, à la veille de sa libération, le pape du seggae, Kaya,
était retrouvé mort dans sa cellule des casernes centrales, à Port-Louis.
Kaya avait été arrêté puis incarcéré pour avoir fumé de la gandia, du « zamal »,
au cours d'un concert-meeting.
Les autorités policières expliquaient le décès par une fracture du crâne,
que l'artiste se serait fait lui_même, en se frappant la tête contre le mur de son cachot.
Cette version des autorités judiciaires était loin de convaincre la famille et les amis
de celui, qui dénonçait dans ses textes une société pluri-ethnique
rongée par le communalisme et le fanatisme.
Dans un climat de violence
, de révolte
, provoqué par la mort de la star mauricienne,
le Dr Ramstein, médecin légiste exerçant dans notre département (de la réunion),
et le Dr Ramesh Modum, étaient désignés pour effectuer une contre-autopsie.
Les conclusions de la contre-expertise ont été finalement remises hier
au Premier ministre mauricien, Navim Ramgoolam,
et aux divers ministres du gouvernement ainsi qu'à la famille du chanteur.
De passage dans notre île vendredi dernier,
le Dr Ramesh Modum, neurochirurgien, insistait sur le fait qu'il était « un professionnel »
et « je n'ai aucune obligations envers le gouvernement mauricien mais uniquement envers ma conscience »,
ajoutait-il. Une façon de dire que si pressions il y avait, il ne céderait pas.
Et le rapport qui vient d'être rendu public confirme ses propos.
Le Dr Ramstein a donc procédé à la contre-autopsie le 23 février dernier
à la morgue de l'hôpital Nord, deux jours après la mort de Kaya.
La conclusion du rapport (voir document) brise les conclusions du Dr Surnam,
le médecin de la police: « Le décès de ZOPIRE Joseph- Réginald, âgé de 38 ans,
est du à deux types de lésions intra-crânienne (…) dont la cause est traumatique
par projection de la victime au sol et par secouage de la tête ».
le médecin de la police avait évoqué pour sa part une fracture du crâne
provoquée par la victime elle-même.
Projection au sol
La lecture minutieuse du rapport permet de soutenir que le chanteur a été
frappé violemment avant de mourir.
En effet, le médecin légiste note « de multiples traces de coups par agents contondants
- NDRL: un objet qui meurtrit et ne coupe pas, type matraque, serviette mouillée, annuaire...
- et d'abrasions superficielles sur les zones permettant l'immobilisation de la victime: coudes, genoux, épaules ».
Dans un autre langage, Kaya a été soit attaché ou immobilisé puis roué de coups.
Ainsi, à l'examen du thorax, le médecin a relevé la
« présence d'une contusion médiane lombaire de 1 cm sur 1 cm
correspondant à l'action d'un objet contondant »,
qui pourrait être en l'occurrence un « coup de pied ou un coup de poing ».
De nombreuse contusions ont été également relevées sur les membres supérieurs :
« Égratignure de l'épaule gauche de 3 cm sur 0,5 cm correspondant vraisemblablement
à un coup d'ongle... 9 contusions superficielles de la face externe du coude gauche,
certaines par abrasions (mécanisme de frottement) de 1 cm sur 1 cm,
et d'autres par griffures ou coups d'ongle... ».
La cause du décès relève de la conjugaison de deux facteurs:
« Un traumatisme crânien... qui est dû à une violente projection au sol
et a entraîné le décès de la victime retrouvée face contre terre,
la face baignant dans une flaque de sang... »,
le dr Ramstein précise par ailleurs que « l'ensemble de ces éléments est en faveur
d'une violente projection de la face sur le sol sans coups portés directement à la tête ».
la projection violente au sol a été suivie ou précédée de « lésions cranio-cervicales
par mouvements brutaux de la tête en rotation forcée
et mouvements d'hyperextension forcée du coup ».
Pour le Dr Ramstein, il est clair que « toutes ces lésions sont d'origines traumatique
et n'ont pu être causées par la victime elle-même ».
Les conclusions du médecin-légiste renforcent son confrère mauricien,
le Dr Ramesh Modum, dans la volonté de voir évoluer la procédure des autopsies à Maurice:
« Tout le monde le sait.
De nombreuses personnes ont déjà trouvé la mort dans les cellules
ou lors d'interrogatoire chez les policiers.
Et c'est le médecin de la police qui effectue à chaque fois l'autopsie.
Je crois que l'on devrait autoriser les familles concernées à désigner leur médecin
afin d'assister à l'examen des corps ».
Par ailleurs, contacté hier soir par téléphone, le Dr Ramesh Modum,
soutient que le rapport du Dr Ramstein devrait servir
« à ce que ce genre d'affaire ne se reproduise plus ».
Une autre étape doit être désormais franchie.
Les agresseurs de Kaya seront-ils jugés devant une cour criminelle
ou juste suspendus de leur fonction ?
La balle est dans le camp de la justice mauricienne.
IV   CONCLUSION
Le décès de ZOPIRE Joseph Réginald âgé de 38 ans est dû
à deux types de lésion intracrânienne (hémorragie méningée et infarcissament)
dont la cause est traumatique par projection de la victime au sol et par secouage de la tête.
On note de multiples traces de coups par agents contondants
et d'abrasions superficielles sur les zones permettant l'immobilisation de la victime :
coudes, genoux, épaules.
Toutes ces lésions sont d'origine traumatique
et n'ont pu être causée par la victime elle-même.
Si la victime présentait, d'après les constatations du Dr SURNAM le 21/02/99 à 8h
un début de rigidité cadavérique, le décès a du survenir approximativement vers 5h le même jour.
DR. JP. RAMSTEIN
MISSION PERSONNELLEMENT ACCOMPLIS LE 08:03:99 EN HONNEUR ET CONSCIENCE.
http://ilemauricekaya.free.fr
mis en ligne le 21 juin 2019