Concert Kaya Freeman:
Honte !!! journal Le mauricien le lundi 01 juillet 2002
Ce n'était certes pas le meilleur hommage qui puisse être rendu
à l'artiste, le parolier, le musicien et le visionnaire unique
qu'a été et que restera toujours Kaya.
Le concert Kaya Freeman,
bénéficiant du parrainage du Centre Charles Baudelaire (CCB),
qui s'est tenu à
La Citadelle, Port-Louis, ce samedi 29 juin 2002,
devra rester gravé dans les mémoires des Mauriciens.
Malheureusement. Tristement.
Comme ce fatal dimanche 21 février 1999
et tous les événements qui feront perdurer cette période noire dans notre histoire.
Inoubliable parce que les Mauriciens ont refusé de venir saluer la mémoire
de celui qui, de par sa disparition tragique et, devons-nous encore le rappeler,
dans des circonstances toujours non élucidées, ce fatidique dimanche 21 février 1999.
Et cette absence de la population mauricienne est une honte.
Ils n'ont été que cinq cents (et peut-être même moins) à s'être déplacés pour ce rendez-vous.
Et pour retourner le couteau dans la plaie,
doit-on rappeler que La Citadelle peut contenir plus de cinq mille personnes (capacité optimale)
et qu'un concert de Pascal Obispo ou Patrick Bruel, les plus récents qui nous reviennent en mémoire,
remplissent au trois-quarts ce lieu !
Quelle honte pour le roi seggae, trahis par ceux-là même qu'il a pleuré…
Ooooh mo ti zil.
Il n'est nullement question, ici, de défendre les organisateurs de cette manifestation.
En partant du principe qu'une initiative a été prise par un être X pour réaliser un projet
dont le but ultime est, primo, de lever des fonds pour aider, financièrement, la veuve et les enfants de Kaya
qui vivent dans des conditions très modestes;
et, deuzio, sur un plan purement artistique, de permettre à quelques musiciens,
pas tous des plus connus mais certains étant des talents confirmés,
de rendre leur hommage au roi seggae, on aurait pu espérer que la réponse soit plus chaleureuse.
Etait-ce trop optimiste de penser que, au moins, trois mille Mauriciens
ayant un tant soit peu de cœur, quelques sentiments pour un concitoyen qui ne méritait pas de mourir brutalement,
auraient pu être présents à La Citadelle, ce samedi soir.
Le but n'étant pas de venir applaudir les musiciens sur scène, qui qu'ils soient.
Ni de venir se trémousser sur des riffs dénaturant le seggae.
Ni de venir écouter en live l'album Kaya Freeman.
Nous pensons ici à la ravanne, les pistas, tambour d'eau ou roulèr de Menwar,
la guimbarde de Dany Louison, le susurrement si chavirant de la voix d'Indiva,
les tablas d'Anil Roopchund ou encore la voix de Jean-Jacques Arjoon.
Le but étant seulement et primordialement de saluer la mémoire de Kaya
sans qu'il y ait quelque couleur politique ou toute autre forme de récupération
de l'œuvre abattue par cet homme qui n'est plus.
Uniquement pour cette raison, bête peut-être pour certains, futile pour d'autres,
pas suffisante encore, pour des plus exigeants et idéalistes, avec leurs raisons,
tous, certainement. Mais par pure question de principes, par honnêteté envers Kaya,
envers Véronique Topize, envers Azarïah et Lumia Topize,
il nous revenait d'être présents à La Citadelle à ce samedi 29 juin 2002.
Par amour. Par devoir. Mais tel n'a pas été le cas.
A ceux qui décèleraient une note alarmiste dans les propos ici émis,
nous précisons que nos appréhensions relèvent d'une crainte
que Kaya ne devienne un produit avec une date d'expiration
ou, pire, une page tournée dans l'histoire de notre pays.
Afin que nous ne devenions pas indifférents, soyons vigilants.
Le chanteur disait, il y a des années déjà,
Mo pep to racines pé brilé. Pour pas que ce cri d'alarme ne devienne réalité !
Jourmal lemauricien